Quels éléments prendre en compte lorsque l’on se prépare à faire de la vulgarisation scientifique auprès d’un public non scientifique ? L’agence française Agent Majeur a eu l’idée de rassembler les bonnes pratiques dans un modèle intitulé « les 6C de la vulgarisation scientifique » bien utile à avoir sous la main au début de votre préparation de matériel.
Clarté
On ne le répètera jamais assez, la clarté de l’information à transmettre est très importante. Il est conseillé de définir chaque terme technique et de limiter le jargon utilisé. Rien de mieux que de vérifier dans le dictionnaire le sens des mots choisis. Il y a parfois un décalage terminologique. En effet, une définition dans le sens commun peut ne pas avoir la même signification dans votre champ d’expertise. Par exemple, le concept d’attitude en psychologie fait référence à un « ensemble de croyances et un système de pensée » alors que dans le dictionnaire, l’attitude renvoie « à la manière de tenir son corps, à la position qu’on lui donne » (Dictionnaire Larousse, 2022). Dans ce cas, la chercheuse et le chercheur devra s’assurer de bien définir les termes utilisés, ou bien d’employer des synonymes utilisés dans le langage courant, à moins que son exposé n’ait pour objectif de faire découvrir ce terme. Aller de l’information la plus simple à l’information la plus compliquée – la technique de l’entonnoir – peut s’avérer être très utile pour favoriser la compréhension.
Connexion
Ensuite, il est bénéfique de créer une connexion avec le public en utilisant des émotions telles que le l’humour, la surprise, la stupéfaction, voire la peur. Par exemple, si vous présentez les résultats d’une étude portant sur les effets d’une thérapie visant à traiter le stress post-traumatique, commencez par un chiffre clé qui va nécessairement susciter une émotion de stupéfaction : « 80 % des individus vivront dans leur vie un événement traumatique (accident, décès soudain d’un proche, etc.) pouvant éventuellement mener à un stress post-traumatique ». (« Mental Illness and Addiction: Facts and Statistics », 2022). En créant une connexion avec le public, on attire davantage son attention.
Contexte
Il est important de placer le discours dans son contexte, rappeler les enjeux économiques, sociaux ou scientifiques, qui vont au-delà du sujet abordé et qui ont des chances d’être évocateurs pour l’audience. Par exemple, si vous présentez un projet visant à promouvoir la santé mentale en entreprise, il est intéressant d’indiquer « au Canada, on estime à environ 21 milliards par an la perte en productivité au travail à cause de problèmes de santé mentale (Wilson et al., 2016, p. 30). Ce chiffre monte à 51 milliards si on inclut tous les autres coûts (soins de santé, qualité de vie, etc.) » (« Mental Illness and Addiction: Facts and Statistics », 2022). Même si votre projet ne concerne pas directement ces coûts, vous montrez à votre interlocuteur que vous avez compris le problème d’un angle qui peut l’interpeller.
Concret
Être concret permet au public de mieux comprendre et de mieux mémoriser ce qu’on lui explique. Pour ce faire, il est pertinent d’utiliser des démonstrations, d’apporter des échantillons, de parler d’exemples fictifs ou réels pour bien illustrer les propos. Dans la lignée de notre exemple précédent, il est préférable d’expliquer comment les problèmes de santé mentale se manifestent concrètement au lieu de fournir une définition de symptômes. Par exemple, en prenant un employé type, la démonstration pourrait commencer ainsi : « Paul a toujours été très joyeux, actif et minutieux dans son travail. Mais depuis quelques mois, ses collègues trouvent qu’il a changé. Il n’est plus lui-même. Il a l’air triste, moins énergique, il mange peu, et il fait beaucoup d’erreurs d’inattention. »
Couleur
Il est important de soigner autant la forme que le fond du message. Les services de design graphique visent précisément à éclairer ou expliquer les choses à l’aide d’un langage graphique, qui peut être verbal, illustré ou schématique, et présenté sur papier ou écran. (Walker, 2017, p. 549) Selon un article publié dans Nature, ce type de services permet d’augmenter l’attractivité et l’intelligibilité (Khoury et al., 2019, p.4) de la recherche. La couleur qu’ils apportent peut aider la science à atteindre des publics que la littérature scientifique n’atteindra jamais.
Conversation
Rien de plus important que de prévoir une forme d’échange avec l’audience, en la faisant participer pendant la présentation, en écoutant son point de vue ou en répondant à ses questionnements après la présentation. Si votre matériel ou votre sujet est facilement transposable sur les réseaux sociaux, prenez l’habitude de finir vos publications par une question, dans un format aussi simple que « Qu’en pensez-vous ? ». C’est une façon d’engager la conversation avec votre audience.
Conclusion
En prenant le réflexe de penser aux 6C de la vulgarisation scientifique dès la préparation de votre matériel de communication, vous augmentez vos chances de faire passer vos messages. Clarté, Connexion, Contexte, Concret, Couleur, Conversation – à vous de jouer ! Contactez-nous si vous avez besoin d’aide dans la préparation de vos contenus.
Références
Larousse. (2020). Attitude. Dans Dictionnaire.
Mental Illness and Addiction: Facts and Statistics (2022). Repéré à https://www.camh.ca/en/driving-change/the-crisis-is-real/mental-health-statistics
Wilson, S., Guliani, H., Boichev, G. (2016). On the economics of post-traumatic stress disorder among first responders in Canada. Journal of CSWB 1(2), 26-31. Repéré à https://doi.org/10.35502/jcswb.6
Walker, S. (2017). Research in graphic design. The Design Journal, 20(5), 549-559.
Khoury, C. K., Kisel, Y., Kantar, M., Barber, E., Ricciardi, V., Klirs, C., … et Novy, A. (2019). Science–graphic art partnerships to increase research impact. Communications Biology, 2(1), 1-5.