Comment sensibiliser les gestionnaires à l’importance des facteurs psychologiques pour encourager les employé-es à adopter des comportements écoresponsables dans le but d’améliorer la performance environnementale des organisations? C’est l’objectif de la recherche de Virginie Francoeur, professeure adjointe en sciences sociales à Polytechnique Montréal.
Dans une recherche qu’elle a menée avec Pascal Paillé, professeur titulaire à NEOMA Business School en France, elle a mis en évidence que changer les comportements des employé-es en faveur des pratiques écoresponsables en milieu de travail demande de rassembler certaines conditions clés. Celles-ci résident dans l’empowerment et le soutien de l’organisation ou des supérieurs. Instaurer le dialogue, développer une relation de confiance et donner la capacité au personnel d’agir et de proposer des solutions clés sont des conditions mais aussi des opportunités pour les organisations d’augmenter leur performance environnementale.
Nous vous proposons de découvrir la chercheuse à l’origine de cette étude et ses motivations pour ce projet.
Pourquoi avoir décidé de faire cette recherche, avec quels objectifs ?
Face à l’urgence climatique, notre objectif est de sensibiliser à la nécessité d’adopter des comportements écoresponsables. Le contexte de surexploitation des ressources naturelles et d’augmentation de la pollution atmosphérique a entraîné une fragilisation de nos écosystèmes, et les causes les plus importantes de cette dégradation sont de nature anthropique, c’est-à-dire qu’elles sont provoquées par les humains. Ainsi, les recherches sur le comportement des humains et leurs activités deviennent incontournables.
Puisque l’impact du secteur non résidentiel (par exemple, les secteurs de service, les industries) est nettement plus élevé que celui du secteur résidentiel, il est crucial d’effectuer des recherches en milieux de travail; ceux-ci continuent d’être négligés en comparaison des milieux résidentiels. Les organisations doivent faire partie de la solution !
En milieu de travail, les politiques et les pratiques de gestion environnementale (ex. norme ISO, certification) sont essentielles, mais elles n’entraînent pas systématiquement un changement de comportements. Ainsi, nous avons choisi d’examiner l’influence de variables psychologiques (soutien social et empowerment); nos résultats montrent qu’elles jouent un rôle important pour nous inciter à adopter des comportements écoresponsables au travail.
Pourquoi avoir choisi de diffuser les résultats avec une infographie ?
Pour toucher un public plus large et sensibiliser autant les chercheurs et chercheuses que les étudiant-es, gestionnaires et citoyen-nes. La lecture d’un article scientifique peut parfois être aride pour le grand public, alors qu’une infographie, par son caractère attrayant, permet d’interpeller des individus au-delà du milieu universitaire. En effet, les articles scientifiques ne sont pas accessibles à tout un chacun alors que les comportements écoresponsables touchent chaque individu, il est donc essentiel d’élargir la portée de nos résultats de recherche pour assurer une circulation fluide du savoir et observer un réel changement dans la société.
Quelles sont les autres projets de diffusion de vos travaux de recherche ?
En avril dernier, nous avons publié un livre « Green behaviors in the workplace » aux éditions Sprigner Nature (dans la collection de sciences sociales Palgrave Macmillan). Ce livre, écrit avec le professeur Pascal Paillé, s’inspire d’un chapitre de ma thèse de doctorat. Pour cette recherche, nous avons recensé les articles sur les comportements écoresponsables en milieu de travail, publiés sur une période de 43 ans (1977 à 2020), afin d’offrir un portrait des plus exhaustifs de la situation (définitions des comportements écoresponsables, moyen de les mesurer, leviers et freins à l’adoption de ces comportements, tendances géographiques et méthodologiques, perspectives d’avenir… ). La mobilisation d’une majorité du personnel est cruciale, celui-ci étant en première ligne, la mise à profit de leur savoir est essentielle dans l’utilisation adéquate des ressources afin de préserver les écosystèmes. Nous avons donc proposé une série de comportements en lien avec l’identité verte des individus (écolo laissez-faire, écolo indifférent, écolo-altruiste et écolo-activiste) pour augmenter leur engagement environnemental.
En plus, depuis le début de l’année, je suis chroniqueuse pour le magazine Reflet de société. J’ai comme mandat de vulgariser mes travaux de recherche sur l’écologie en milieu de travail auprès d’un public âgé de 12 à 92 ans. Ce magazine est distribué dans les écoles, les organismes communautaires et les différents lieux de réflexion sociale, ce qui me donne l’occasion de toucher un nouvel auditoire.
Sur le plan pratique, je priorise la recherche terrain pour avoir un impact direct dans les milieux de travail. Récemment, l’organisme environnemental Équiterre nous a proposé de collaborer pour réaliser une étude pancanadienne sur le zéro déchet auprès des consommateurs et des épiceries. Ma collègue, Sophie Bernard, spécialiste de l’économie circulaire, et moi pilotons ce projet au sein de Polytechnique Montréal. Trois étudiantes au doctorat, Joliann Morisette, Marie Bellemare et Valérie Patreau ainsi que Valérie Demers, chargée de projets du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ), font partie de l’équipe de recherche. C’est l’un des projets les plus motivants sur lequel j’ai eu la chance de travailler. Prochainement, nos résultats seront transformés de manière créative. À suivre…
Pour plus d’informations : Vous vous sentez interpellé(e) par le sujet des comportements écoresponsables? Vous souhaitez en apprendre plus sur les projets de Virginie Francoeur?
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Pour toute question relative à la réalisation de l’infographie, contactez-nous: [email protected]